Le drame qu’a vécu la famille Strullu durant la Première Guerre est maintenant bien connu des Plozévétiens et des habitants des communes alentour. Une famille nombreuse de treize enfants, tous nés à Lanvoran, village natal de leur mère, Marie Anne Gentric (1858-1944), épouse d’Henri Strullu (1858-1945), leur père, originaire de Trohinel.
Sur cette fratrie de treize, trois décèdent à la naissance et deux autres en bas âge. En août 1914, quand éclate la guerre, ils ne sont donc plus que huit (cinq fils et trois filles), âgés de quinze à trente-trois ans.
Les cinq fils partiront combattre. Quatre d’entre eux tomberont au champ d’honneur, morts pour la France, et le cinquième, Jean Louis, reviendra du front grièvement blessé. Les parents Strullu perdront ainsi, coup sur coup, deux de leurs fils dès le début du conflit, Jacques Marie, le 22 août 1914, à Maissin (Belgique), puis Henri Jacques, cinq jours plus tard, le 27, à Chaumont-Saint-Quentin (Ardennes). Ils en perdront à nouveau deux autres en 1916, à moins de deux mois d’intervalle, dans la Meuse, au cours de la bataille de Verdun, Pierre Marie, le 17 avril, à Louvemont-Côte-du-Poivre, et Jean Marie, le 12 juin, à Fleury-devant-Douaumont. Les quatre frères ont été déclarés disparus. Supposés décédés, ni leurs corps, ni leurs tombes n’ont pu être clairement identifiés.
Leur mémoire a été officiellement célébrée par la municipalité de Plozévet, le 11 novembre 2016, date anniversaire à laquelle une place de la commune et une plaque commémorative ont été inaugurées à leur nom.
La suite de cette tragédie a connu un rebondissement inattendu et récent (mars 2024), en liaison avec la poursuite des recherches sur le terrain : les restes de Pierre Marie, cadet des cinq frères et mort le plus jeune (à vingt et un ans et huit mois seulement), ont fini par être retrouvés et officiellement identifiés, quelque cent huit ans après son décès.
Les développements qui suivent retracent à grands traits les principales étapes de l’enquête qui ont conduit à ce résultat. Après un rappel du contexte dans lequel s’est inscrite la disparition de Pierre Marie sont présentés les éléments de preuve qui ont permis de rétablir son identité.